ClimAgri® est un outil et une démarche de diagnostic énergie-gaz à effet de serre pour l’agriculture et la forêt, à l’échelle des territoires, diffusé par l’ADEME.
A l’échelle des territoires et notamment en zone rurale, le secteur agricole peut représenter jusqu’à 40 à 50 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Dans le cadre du développement des plans climats à l’échelle régionale (Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires [SRADDET]) ou infrarégionale (Plans climat air énergie territoriaux [PCAET)] une analyse fine des impacts de l’agriculture au regard de sa production s’avère souvent nécessaire, d’autant que cette échelle d’analyse est pertinente pour élaborer un plan d’action tenant compte des spécificités de l’agriculture locale.
Les principaux objectifs opérationnels de l’outil sont, à l’échelle d’un territoire, de mettre en relations trois types d’indicateurs :
- les consommations d’énergie de l’agriculture ;
- les émissions de gaz à effet de serre (GES) (CO2, CH4, N2O) et de polluants (NH3, COVNM, NOX, TSP, PM10, PM2,5) ;
- la production de matière première agricole (potentiel nourricier).
A partir du diagnostic de la situation initiale, les utilisateurs peuvent construire et tester des scénarios pour évaluer et hiérarchiser les actions à mettre en œuvre.
Enjeux énergétiques et gaz à effet de serre
L’agriculture est un secteur d’activité consommateur d’énergie et émetteur de gaz à effet de serre. Quelles énergies, quels gaz à effet de serre ? Quels enjeux sur le territoire du Luberon ?
Le secteur agricole consomme près de 5% de l’énergie du territoire et émet près de 12% des gaz à effet de serre.
Les énergies principalement utilisées sont les énergies fossiles (essentiellement les carburants pour les engins agricoles). Ces énergies sont très émettrices de gaz à effet de serre, principalement du dioxyde de carbone émis lors de la combustion dans les moteurs.
Mais l’enjeu principal se situe au niveau des gaz à effet de serre qui ne sont pas d’origine énergétique (c’est-à-dire ceux qui ne sont pas émis après la combustion d’une énergie fossile telle que le gasoil ou l’essence).
Ces gaz à effet de serre sont :
- le méthane (formule chimique CH4) qui est émis par le bétail lors de leur processus de digestion/rumination
- le protoxyde d’azote (formule chimique N2O) qui est émis lors de l’épandage de fertilisants, lors du processus de traitement de l’eau pour transformer l’ammonium en nitrate ou encore lors du stockage des effluents d’élevage.
Le double enjeu « consommations d’énergies / émissions de gaz à effet de serre » invite donc à se questionner sur les pratiques agricoles permettant de réduire le travail du sol (donc le nombre de passage des engins fonctionnant aux énergies fossiles) ainsi que la limitation voire la substitution des engrais azotés par des engrais organiques. En effet, leurs émissions de gaz à effet de serre sont bien inférieures et ils contribuent au stockage du carbone (voir article sur le stockage du carbone).
L’un des objectifs de la démarche ClimAgri est donc de recenser les différentes pratiques auprès des représentants de filières agricoles et des agriculteurs du territoire pour partager les expériences et accompagner la transition énergétique du secteur agricole.
Pour rappel, dans leur Plan Climat, la CCPAL et COTELUB se sont fixées de réduire de 12% les consommations d’énergie du secteur agricole d’ici 2030 et de -18% les émissions de gaz à effet de serre.
Stockage du carbone dans les sols
L’agriculture est le principal secteur d’activité, avec la forêt, capable de stocker du carbone dans le sol. On estime que près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre sont directement absorbées par les sols chaque année.
La croissance des végétaux se fait grâce à un phénomène appelé la photosynthèse. Cela consiste en une réaction chimique qui permet aux plantes de croitre et de fabriquer de la matière organique à partir de l’eau et du carbone de l’air grâce à l’énergie du soleil.
Les végétaux, comme tous les êtres vivants, respirent. Schématiquement, un arbre, une plante ou une herbe absorbe du gaz carbonique (du dioxyde de carbone ou CO2) et de l’eau (H2O) la journée et rejette de l’oxygène sous forme de gaz (dioxygène), c’est la photosynthèse. Tandis que la nuit, le végétal absorbe du dioxygène et rejette du dioxyde de carbone, c’est la respiration cellulaire. Ce processus conduit à la croissance du végétal sous forme de matière organique.
Cette matière organique est donc composée de carbone initialement présent dans l’atmosphère.
Stocker du carbone dans les végétaux et les sols par la biomasse aérienne et racinaire consiste donc à favoriser le cycle de croissance des végétaux
L’enjeu au niveau de l’agriculture (voir article sur les enjeux gaz à effet de serre) est de développer des pratiques agricoles permettant au sol d’être le plus « riche en humus » possible. La part de carbone que l’on considère stockée sur le long terme dans les sols agricoles est comprise dans ce que l’on appelle « l’humus » qui est composé des argiles du sol et du carbone stable issu de la réorganisation des matières organiques par les microorganismes du sol (racines mortes, résidus de cultures, apports de compost, etc.).
Un sol riche en humus présente donc un grande quantité de carbone – qui n’est donc pas dans l’atmosphère.
C’est donc un moyen d’atténuer les effets du changement climatique, car moins il y a de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, moins l’atmosphère se réchauffe sous l’effet de l’énergie solaire.
L’initiative 4 pour 1000, lancée en 2015 lors de COP21 à Paris consiste à lancer des actions concrètes pour développer les pratiques agricoles permettant de stocker du carbone dans les sols.
L’ordre de grandeur est le suivant : si tous les sols agricoles mondiaux stockent 0.4% (donc 4 pour 1000) de carbone supplémentaire chaque année, alors toutes les émissions de gaz à effet de serre mondiales sont absorbées par les sols.
L’un des objectifs de la démarche ClimAgri est donc de recenser les différentes pratiques séquestrant le carbone avec les représentants de filières agricoles et des agriculteurs du territoire pour partager les expériences et accompagner la transition climatique du secteur agricole.
Pour rappel, la CCPAL et COTELUB se sont fixées de maintenir à minima la capacité actuelle de stockage du carbone du secteur agricole d’ici 2030.
Enjeux alimentaires du Luberon
Le dérèglement climatique impacte l’agriculture en provoquant des aléas tels que des sécheresses, des canicules, des orages qui ont des conséquences sur les productions agricole et donc la capacité d’un territoire à produire sa propre nourriture à l’échelle locale.
Le Luberon est réputé pour être un territoire très producteur de denrées alimentaires, en particulier les céréales, l’arboriculture, le raisin de table ou le maraichage.
En revanche, l’essentiel des surfaces agricoles du Luberon sont des prairies (pour le fourrage), de la vigne (pour le vin) et des plantations de plantes aromatiques et à parfum.
Voici une carte qui représente les différentes surfaces agricoles du territoire.
On estime ainsi que seule 30% de la population, dans le régime actuel, peut se nourrir localement. Cependant, il existe une grande disparité selon les productions.
Par exemple, le Luberon est largement excédentaire en fruits et en légumes, tandis qu’il est déficitaire en céréales et produits de l’élevage.
L’ADEME estime dans un rapport de décembre 2020 qu’un régime végétarien nécessite 4.5 moins de surface agricole qu’un régime à 170gr de viande par jour.
Dans le cadre de la démarche ClimAgri, plusieurs scénarios seront ainsi explorés en faisant varier les paramètres suivants :
1. % de produits végétaux dans l’alimentation
2. % de produits locaux dans l’alimentation
Ces deux paramètres ne peuvent pas être poussé à 100% : il n’est ni réaliste ni souhaitable d’avoir une alimentation 100% végétale et locale.
Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) permet d’appréhender l’alimentation comme un vecteur de santé. A ce titre, un régime alimentaire constitué de plus de végétaux et de moins de produits animaux permet de répondre en partie aux enjeux liés à la santé et l’alimentation (voir Nutri-Score).
D’autre part, certains produits ne sont pas cultivés sur le territoire (il y a par exemple très peu de cheptels d’ovins ou encore pas de culture de riz). Or, ces produits sont consommés sur le territoire, donc importés.
Paradoxalement, il existe aussi des produits cultivé dans le Luberon qui sont exportés et les mêmes produits sont importés d’autres territoires, plutôt que d’être consommés directement.
L’un des objectifs de la démarche ClimAgri est donc de recenser les différentes pratiques auprès des représentants de filières agricoles et des agriculteurs du territoire pour partager les expériences et accompagner la transition alimentaire du secteur agricole.
Pour rappel, la CCPAL et COTELUB travaillent avec le Parc naturel régional du Luberon dans le cadre du Programme Alimentaire Territorial (PAT) du Luberon.
Enjeux liés à l’eau et à l’irrigation dans le Luberon
Le dérèglement climatique a pour conséquence, entre autres, de modifier de rythme du cycle de l’eau. On observe non seulement une diminution des quantités de précipitations mais surtout une intensification des épisodes extrêmes. En parallèle la hausse des températures provoque un assèchement des sols et des besoins accrus en eau pour les cultures.
L’eau est la première ressource (après l’énergie du soleil, voir article sur le stockage du carbone) nécessaire pour la croissance des végétaux.
En agriculture, le recours à l’irrigation est donc fréquent pour permettre aux cultures d’avoir des rendements compatibles avec une activité économique.
Sur le territoire du Luberon, une partie des surfaces agricoles est irriguée via le réseau sous pression du Canal de Provence (au nord du Luberon et sur les coteaux sud), une partie via le réseau gravitaire le long de la Durance et une dernière partie enfin n’est pas irriguée par des réseaux collectifs, les agriculteurs faisant parfois appel à des prélèvements individuels (comme des forages).
L’enjeu de la ressource en eau est d’autant plus prégnant sur le territoire que la vigne, le maraichage et les céréales représentent près de 50% de la surface agricole et que ces cultures peuvent être gourmandes en eau (jusqu’à 2000 m3/par ha pour le raisin de table par exemple). Ainsi la consommation en eau du vignoble du territoire (CCPAL et COTELUB ensemble) est de 3.5 millions de m3 d’eau par an, ce qui l’ordre de grandeur de la quantité d’eau consommée par l’ensemble des ménages du territoire.
Différentes pratiques agricoles permettent de limiter les besoins en eau d’irrigation et de s’adapter ainsi au changement climatique : choix de cultures ou porte-greffes tolérants mieux la sécheresse, apports au goutte à goutte, paillages avec des matières organiques, plantation d’ arbres, etc.
L’un des objectifs de la démarche ClimAgri est de recenser les différentes pratiques autour de l’eau auprès des représentants de filières agricoles et des agriculteurs du territoire pour partager les expériences, identifier des pistes d’action et accompagner les acteurs de secteur agricole.
Pour rappel, la CCPAL et COTELUB, dans leur Plan Climat respectif, se sont fixées d’optimiser les besoins en irrigation et préserver durablement les ressources en eau.
Contact : Jonas Lajarge, chargé de mission Transition énergétique & PCAET
07 87 75 66 59 - plan.climat@cotelub.fr
www.cotelub.fr